mardi 2 octobre 2018

"Si on veut, on peut"

Je viens de terminer la lecture du livre "Vers la liberté" de 'Mahtob MAHMOODY'. Un livre passionnant relatant l'histoire (voire l'autobiographie) de l'écrivaine. Née d'un père iranien et d'une mère américaine, elle a été séquestrée avec sa maman pendant un an et demi à Téhéran par son père, et ce malgré les promesses de ce dernier qu'ils n'y allaient que pour deux semaines de vacances pendant l'été 1984.
La mère (Betty MAHMOODY) - auteure de 'Jamais sans ma fille' et de 'Jamais sans ma fille 2', a résisté aux menaces, aux humiliations, aux punitions corporelles - pour affiner les propos-. Elle a même eu des propositions de partir seule et de laisser sa fille en Iran. Mais, elle a tenu bon et a pris une décision : partir, mais jamais sans ma fille; d'où le titre de ses deux livres best-sellers. La mère et la fille ont pris le risque de fuir l'Iran des Mollahs, du Pasdaran, de Khomeini et de Moody MAHMOODY pendant l'hiver glacial de janvier 1986 pour passer - grâce à des passeurs kurdes - les montagnes Taurus et pour parvenir à l'ambassade américaine à Ankara un 6 février 1986, alors que Mahtob n'avait que ... 7 ans.
Et ce grand-père américain (père de Betty) qui combattait avec ferveur les métastases de son cancer du colon tout en espérant revoir sa fille et sa petite-fille avant de s'en aller à jamais, et de subir une série d'interventions chirurgicales et de crises sans tomber les bras tout en conservant son espoir de les revoir un jour. Et pendant les quelques secondes qu'il parvenait à parler à sa fille - via l'ambassade suisse à Téhéran -, la seule phrase qu'il répétait sans cesse était : "Si on veut, on peut".
En voilà une excellente leçon de la vie. Parce que vouloir, c'est pouvoir. Parce que se fixer des objectifs dans la vie, c'est de parvenir à les réaliser - même avec quelques ajustements et quelques sacrifices. Parce que sans ces mêmes objectifs, notre existence n'aura plus aucun sens.
Aujourd'hui, on a le plus besoin de cette persévérance pour exister, de ce brin d'espoir pour survivre; survivre aux maladresses, aux méchancetés (gratuites), aux coups-bas et aux tergiversations des personnes qui nous entourent. C'est cette volonté qui nous pousse à avancer sans laisser de chances aux forces du "nivellement par le bas". Et pour faire face à ces forces, il ne faut pas perdre de vue ses objectifs pré-fixés et surtout... pouvoir rêver.
Le rêve, avec son rôle palliatif et guérisseur, permet à tout un chacun de s'extrapoler dans le temps et dans l'espace pour pouvoir avancer. Rêver pour pouvoir voir le monde sous un nouveau jour.
Ces jeunes qui fuient le pays, qui passent leurs journées dans les terrasses de cafés pour ne rien faire ont le plus de besoin de rêver, pour se fixer des objectifs, et de travailler sans relâche afin de les atteindre même avec un peu de retard. Certes nos souhaits ont et auront toujours des limites; mais il faut qu'il y ait une confiance en soi, une grande haleine et une persévérance renouvelable. Certes le malade veut et espère la guérison, même en sachant qu'il est mourant. Mais tant qu'il y a espoir, il y a la volonté. Certes, il y a et il y aura des échecs, mais il faut tenir bon, se relever et continuer son chemin. 
Et pour preuve. J'ai suivi une émission (C'est à vous) sur France 5 (le vendredi 28/09/2018) où l'invité n'était autre que Charles AZNAVOUR qui nous quittait hier. Il était si jovial et attaché à la vie (en défendant les immigrés, en s'autoproclamant féministe sans limite, en parlant de sa tournée programmée pour novembre 2018) qu'on dirait qu'il avait la vingtaine. Et comme message qu'il adressait - comme testament - aux jeunes, "Il faut travailler et... surprendre"! Parce que ce même AZNAVOUR n'a cessé à ses débuts de subir les plus virulentes critiques parce qu'il était "court" et "avait une voix moche". Si ce monsieur s'est effondré et a abdiqué devant cette pluie diluvienne de critiques, on aurait pu ne jamais entendre et s'émerveiller de "La Bohème", "For me, formidable",... Si il a baissé les bras à son premier coup, il n'aurait pas mérité les unes des quotidiens français et étrangers le lendemain de son décès et aurait pu passer inaperçu.
Je suis tout à fait conscient que nous passons tous par des hauts et des bas, qu'on ne cesse de subir des contre-temps, des déceptions, des magouilles,...; mais ce qui fait la différence entre une personne et une autre, c'est qu'il faut apprendre de ses échecs, se relever, se rappeler ses objectifs et continuer sa route.
Parce que "Si on veut, on peut" et "Il faut travailler et... surprendre"!!
Majed CHARFI
Tunis, le 02/10/2018