jeudi 17 septembre 2015

Daech, le retour de l’Ikhwan

L’histoire bégaie, il n’y a rien de nouveau dans l’apparition ou le fonctionnement de l’État islamique. Les Occidentaux auraient tort de ne pas s’en rappeler.

ikhwan

par Alain Bauer
Et l’État Islamique durait. Après des proclamations de victoires – en grande partie falsifiés aux dires de l’Inspection générale des armées américaines –, après des opérations aériennes massives aux résultats incertains (pour le mieux), après d’incessants débats sur l’art et la manière d’engager une action au sol en Syrie (à la différence notable de l’Irak), après les contorsions complexes de l’allié turc (qui lui se rappelle qu’il est d’abord l’Empire Ottoman), après le début de la crise des réfugiés qui submergent l’Europe, le temps de la realpolitik commence à trouver son espace.
À Moscou comme dans le Golfe on se prépare, l’épisode de l’accord avec l’Iran terminé, au grand dam des monarchies sunnites et d’Israël, à choisir le moins mauvais de ses ennemis et à se trouver des alliés de circonstance, en CDD, pour résoudre les problèmes les plus urgents.
Et l’Arabie saoudite, la clef de tout le problème, à la fois géniteur, générateur et victime, semble sur la voie du compromis.
Comme souvent, la nostalgie et l’amnésie sont les principaux ennemis de l’Occident lorsqu’il met son nom dans des territoires dont il ne comprend ni l’histoire, ni la culture.
Ce qu’on croit toujours devoir appeler Al-Qaïda (devenu en partie le Front Al Nosra) fut inventé par l’Occident pour lutter contre l’intervention soviétique en Afghanistan, et qui s’est retournée contre ses fondateurs après la chute du Mur de Berlin.
L’État Islamique, émanation d’une “Sainte-Alliance” des Sunnites contre l’idée même d’un accord avec l’Iran (ou pour rester dans le ton, l’Empire Perse), connaît le même processus de rupture avec ses géniteurs.

Hijra et bayah

En soulignant que l’Arabie Saoudite était selon lui la “tête du serpent et le fief de la maladie”, le Caliphe Ibrahim [Abou Bakr Al-Baghdadi, ndlr] a clairement montré où se trouvait l’objectif réel de sa sédition. Le Memri (Observatoire du Moyen-Orient) en a même établi un récapitulatif éclairant : le deuxième numéro de ‘Dabiq’ [magazine de propagande djihadiste, ndlr] cite un hadith du Prophète qui définit précisément l’ordre de priorités après la création de l’État : “Vous envahirez la péninsule Arabique, et Allah vous permettra de la conquérir. Vous envahirez alors la Perse, et Allah vous permettra de la conquérir. Vous envahirez ensuite Rome, et Allah vous permettra de la conquérir. Puis vous combattrez le Dajjal [imposteur ou antéchrist pour les musulmans], et Allah vous permettra de le conquérir”. La lutte contre l’Occident à ce stade passe après les devoirs de hijra – immigration vers l’État du califat islamique – et de bayah – serment d’allégeance au calife –, deux points essentiels de l’instauration du califat.
 
Tandis que les publications d’Al-Qaïda en anglais, comme son magazine ‘Inspire’, abondent en incitations à la terreur, incluent des conseils pratiques et des informations professionnelles sur l’exécution d’attentats en Occident, presque rien de tel n’apparaît dans les publications de l’EI ou dans les discours de ses dirigeants. Au contraire, l’EI exhorte sans relâche les musulmans résidant en Occident à accomplir la hijra vers l’État islamique – qui manquerait d’experts et de personnel qualifié (médecins, ingénieurs, experts militaires, ecclésiastiques et administrateurs) – pour le renforcer et contribuer à sa réussite. L’ordre séquentiel est clair : la hijra est le sentier du djihad (notamment le djihad visant à préserver le califat naissant et ses frontières évolutives), et “l’État islamique passe avant Al-Malhama [la bataille contre les croisés]”.
‘Dabiq’, rédigé en anglais à l’attention de lecteurs occidentaux, établit en outre : “Une vie de djihad sera impossible tant que vous n’aurez pas emballé pas vos affaires pour rejoindre le califat”.
Dans le même numéro, on peut lire : “Beaucoup de lecteurs s’interrogent probablement sur leurs obligations vis-à-vis du califat aujourd’hui. C’est pourquoi l’équipe de ‘Dabiq’ entend communiquer la position des dirigeants de l’État islamique sur cette importante question. La priorité est d’effectuer la hijra, d’où que vous soyez, vers l’État islamique, de darul-kufr à darul-Islam”.

L’histoire de l'Ikhwan

Ce n’est pas la première fois qu’une telle situation se présente aux Saoudiens. Ils furent ainsi confrontés dès la création du Royaume, à une révolte de l'Ikhwan.
L'Ikhwan (fraternité) est une milice islamique créée par Ibn Seoud au début des années 1900, formée par des tribus bédouines devenues la garde prétorienne du conquérant et fondateur de l’Arabie moderne.
L’organisation vise à sédentariser les tribus car la vie nomade serait incompatible avec l’islam. Ils attaquaient généralement sous la forme de raids aux règles immuables : les mâles capturés sont égorgés. Ils se heurtèrent aux forces britanniques en Transjordanie, où ils étaient alors près de capturer la capitale Amman.
Après l’instauration du Royaume, ils se rebellent contre Ibn Seoud, l’accusent d’impureté pour avoir accepté l’installation du téléphone ou pour avoir envoyé son fils en Egypte (pays jugé mécréant). En fait, pour avoir signé un accord interdisant leurs raids contre les territoires limitrophes (traité de Djeddah par lequel il renonce à toute extension du territoire saoudien au détriment des souverains protégés par Londres, tandis que les Britanniques reconnaissent le statu quo et donc son autorité territoriale).
Le pouvoir des Saoud tente de trouver une solution à la crise en soumettant leurs accusations aux savants religieux (oulémas). Mais ils combattent une force irakienne, violent la zone neutre arabo-irakienne, et attaquent le Koweït en janvier 1928. Les Britanniques, ne voyant aucun signe des Saoud pour mettre fin à ces opérations, bombardent le Najd en représailles. Fin 1928, excédé, Ibn Saoud dépose les leaders de la révolte et mate l'Ikhwan.
Les Seoud écrasent militairement le groupe mené par les sultans Bin Bajad Al-Otaibi et Faysal al-Duwish. en mars 1929 à la bataille de Sabilah au Najd grâce notamment à l’appui de l’aviation britannique. Ibn Humaÿd est capturé. Ibn Hithlaÿn est tué.
L'Ikhwan est éliminée en tant que force militaire organisée au début 1930. Les survivants sont incorporés dans les forces de sécurité régulières. Leur survivance constitue désormais l’essentiel de la Garde Nationale Saoudienne.

La dualité Saoud

Les dissensions internes et les tensions saoudiennes autour de l’État islamique ne se comprennent donc qu’à travers le prisme de la dualité historique inhérente et tenace au cœur de la doctrine du royaume, et particulièrement au rôle de Mohammad ibn Abd al-Wahab, fondateur du wahhabisme, et à l’application de sa doctrine radicale puritaine d’exclusion par Ibn Saoud, qui n’était alors qu’un chef de tribu parmi d’autres. Si l’Ikhhwan, bras armé du wahhabisme, a été éliminé, l’idée et le contenu sont devenus la colonne vertébrale du régime, et un produit d’exportation toléré par l’Occident qui le considérait avec un mépris tout matérialiste.
Les dirigeants saoudiens redirigeaient ainsi la pression wahhabite vers les pays étrangers, par le biais d’une révolution culturelle, plutôt que par une révolution violente interne.
L’écrivain américain Steven Coll a expliqué comment Abd al-Wahab, disciple austère et dogmatique du savant Ibn Taa’miya, méprisait “la noblesse égyptienne et ottomane bien comme il faut, prétentieuse, fumeuse de tabac et de haschisch, qui traversait l’Arabie en jouant du tambour pour aller prier à La Mecque”.
Taa’miya avait déclaré la guerre aux Chiites, aux Soufis et aux philosophes grecs. Il avait également condamné les pèlerinages sur la tombe du prophète et les festivités liées au jour de sa naissance, estimant qu’ils ne faisaient qu’imiter les rites idolâtres chrétiens. Abd al-Wahab confortait en signalant que “quiconque ne respecterait pas à la lettre cette interprétation de l’islam devrait craindre pour ses biens et pour sa vie”.

Dès 1790, l’Alliance Seoud Wahab contrôlait la quasi-totalité de la péninsule arabe et menait des expéditions répétées contre Médine, la Syrie et l’Irak.
En 1801, ils attaquèrent la ville sainte de Karbala, en Irak, et se livrèrent au massacre de milliers de Chiites, hommes, femmes et enfants. De nombreux sanctuaires chiites furent détruits, y compris celui de l’imam Hussein, le petit-fils assassiné du prophète Mohammed. Décrivant la situation, l’officier britannique Francis Warden écrivit : “Ils ont totalement dévasté Karbala, pillé la tombe d’Hussein (…) et massacré plus de cinq mille personnes en une seule journée, avec une cruauté extraordinaire…”
En 1803, Abdul Aziz entra dans La Mecque, dont les habitants, cédant à la terreur et à la panique, s’étaient rendus, et la même chose allait se produire à Médine. Les partisans d’Abd al-Wahab détruisirent plusieurs monuments historiques, ainsi que toutes les tombes et sanctuaires qu’ils contenaient. À l’issue des combats, des siècles d’architecture islamique avaient été réduits en poussière près de la Grande Mosquée.
En 1812, l’armée ottomane, composée d’Égyptiens, reprit Médine, Djeddah et La Mecque. En 1814, Saoud ibn Abd al Aziz mourut. Son fils, Abdullah ibn Saoud, fut emmené de force à Istanbul, où il fut exécuté d’une manière particulièrement horrible. Un visiteur de passage explique l’avoir vu traîné dans les rues d’Istanbul trois jours durant, avant d’être pendu puis décapité. Sa tête fut ensuite tirée par un canon, tandis que son cœur était extirpé et planté sur sa dépouille.
En 1815, les forces wahhabites furent écrasées par les Égyptiens, agissant sous les ordres des Ottomans. Trois ans plus tard, les Ottomans s’emparèrent de la capitale wahhabite, Dariya, qu’ils détruisirent entièrement. Le premier État saoudien avait vécu. Les quelques survivants se retirèrent dans le désert, où ils ne firent plus parler d’eux jusqu’au XXe siècle…
L’histoire bégaie, se répète peut-être. Mais l’Occident doit arrêter de l’ignorer ou de feindre de découvrir que les peuples, les tribus et les nations ont des souvenirs et que les frontières ne sont pas que des traits qu’on peut bouger sur les cartes.
Il n’y a rien de nouveau dans l’apparition ou le fonctionnement de l’État islamique. C’est le retour de l'Ikhwan…

Alain Bauer

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samedi 27 juin 2015

Une solution .... militaire!

Il n'y aura pas de solution ni de miracle tant que BCE et son parti (que j'ai soutenu) ont tendu leurs mains au diable (Ennahdha et dérivés). On n'aura donc que des "un pas en avant et 10 en arrière", des "concessions" en trempe l'oeil, des calculs politiciens. Bref, on ne peut désormais rien espérer de gens ayant "vendu" leurs âmes ... et leur pays martyr. Le salut, à mes yeux (et contre mes principes) ne peut être que militaire : contre le terrorisme, contre le banditisme, contre un pseudo-syndicalisme, contre une faillite économique du pays sous instructions du FMI, ... et pour plus de disciplines, de patriotisme, de sacrifices et de décisions douloureuses. Une solution militaire certes coûteuse mais inéluctable tant que tous les "politiques et politiciens" ne cherchent qu'à satisfaire leurs propres intérêts (sans exception : Ennahdha, Nidaa, Ejjabha, Cpr,...); tant qu'il n'y a pas de patriote qui sait unir les Tunisiens et les faire avancer. Oui, on prouve encore une fois qu'on est un peuple qui n'est pas arrivé à maturité. Il nous faut encore un père qui punit, qui gronde, qui protège, qui encourage, qui pousse et motive,... On a encore besoin (malheureusement) d'un dictateur pour faire avancer ce pays. Je contredis tous mes principes; c'est peut-être un moment de faiblesse ou de désaroi. Que sais-je? Mais si j'ai une conviction au moment où j'écris ces lignes, c'est que je ne trouve aucun homme (ni femme) politique ou de la machine Administrative susceptible de faire bouger les choses.

vendredi 26 juin 2015

النصّ الأصليّ لخطاب الحبيب بورقيبة عن رمضان وبذيله فتوى الشيخ جعيط

.مقتطف من خطاب بورقيبة
“هناك عراقيل كثيرا ما يعتبر التونسيون أنّ مرجعها إلى الدين والدين براء منها، فالدين خلو من الأوهام القديمة التي يعبر عنها بسطاء الناس:”بالمكتوب“فيقولون:”كل حدْ وقسمُهْ“و”ربّي ما يخلق نفس كان ما يخلق قسمها".
ونحن اليوم على أبواب رمضان لا يفصلنا عنه إلاّ ثلاثة أسابيع. ومسألة صوم رمضان درستها طويلا ومن واجبي أن أبسطها هنا بكلّ صراحة بحضور مفتي الديار التونسية الذي اجتمعت به قبل اليوم وتحادثت معه مرّات متكرّرة بشأن هذا الموضوع.
إنّ التعبئة التي ندعو إليها والعمل المتواصل المتحتّم والضروريّ تعترضه عقبات يعتبرها الشعب ذات مصدر ديني، فيقول الناس: “أقبل رمضان ولا عمل فيه والأمر لا ينازع فيه منازع”، هذا هو الحدّ الذي وصل إليه الأمر ... ويقولون: هل أسمى لدى المرء من دينه؟ ويرون أنّ صيام رمضان قد يؤدّي بالمرء إلى الإمساك عن كلّ عمل ولا جناح عليه. وعندما تريد أن تحاسبه عن تكاسله يتذرّع بالصوم ويتمسك برمضان.
إنّ أمّة بأكملها تسعى ما وسعها لتنمية الإنتاج القومي، وتبذل جهد طاقتها في ذلك السبيل، وبين عشية وضحاها ينهار إنتاجها ويكاد يضمحلّ تماما وتسأل عن السبب فيجيبك بأنّه رمضان.
وتلتفت حولك فلا ترى إلا متثائبا أو مستسلما للنوم.
وهذا أمر لا يمكن أن يستمرّ لأنّه ليس من الدين في شيء.
وهذا أقوله هنا بحضور مفتي الديار التونسية الذي سيخاطبكم مباشرة في الموضوع بعد يوم أو يومين، وأكرّر القول بأنّه ليس من الدين، وإنّه إسراف في فهم الدين.
إنّ من يكون صائما وقائما بواجبه الديني حسبما يفرضه عليه الإسلام ثمّ يدرك أنّ ضعف بدنه لا يسمح له بالعمل فيستمرّ في الصوم تاركا العمل .. إنّ من يكون هذا شأنه لا يقرّه الدين عليه حسبما يراه مفتي الديار التونسية. وسيشرح لكم ذلك بنفسه.
إنّ الله جعل الدين يسرا لا عسرا، وقد خفّف على عباده جميع الفروض التي تشقّ عليهم وينالهم التعب في أدائها، والصيام أشقّ هذه الفروض على النفس لم يفرضه الإسلام باعتباره ضربا من ضروب تعذيب النفس البشرية. والتعذيب الذي تقرّه بعض الأديان لا يقرّه الإسلام ولا يعتبره موجبا للجزاء بالجنّة أو أداة للتكفير عن الذنوب.
هناك أناس يفرضون الحرمان على أنفسهم وينزعون عنهم أثوابهم ويلوذون بالفقر ويلبسون بعض أكسية صوفية ويقنعون بكسرة من خبز تسدّ رمقهم. والذين يبلغون تلك الدرجة من التصوف ويتعبدون على تلك الصورة لا يقرّهم الإسلام في ذلك.

التخلّص من الانحطاط كفرض الجهاد
إنّ ديننا دينٌ جميع فروضه قائمة على العقل والمنطق وغاياتها معروفة يتناولها التدريس.. وهي تمرين وتجربة وتطهير.
ولكن ما يتعارض منها مع ضرورة الحياة وما تقتضيه الحياة والكفاح من أجل الحياة فإنّها تسقط بطبيعتها ويصبح المسلم في حلّ منها.
فالله سبحانه وتعالى أعفى المسافر من الصوم نظرا لما كان يلاقيه من بعض الأتعاب، فكيف لا يعفيه عندما يتعلّق الأمر بشغله الذي لا عيش له بدونه. ولا يملك أن يقتات ويكسب تلك الكمية الضئيلة من الدقيق التي تكفل له قوت أطفاله إلاّ عن طريق الشغل، زد إلى ذلك أن الشغل ضرورة يفرضها السعي لخروج الأمة الإسلامية عن طور الانحطاط والتخلف، فتونس البلاد الإسلامية تعاني درجة من الانحطاط تجلب لها العار في نظر العالم، ولا سبيل لأن ترفع هذه المعرّة عن جبينها إلا بالعمل الدائب المتواصل والشغل المثمر المجدي، والتخلص من هذا الانحطاط فرض وجهاد حكمه كحكم جهاد السيف. ولذلك فإنه لا يمكن أن يعرقل جهادها أو يعطله أو يوقف انطلاقه أو يقعدها عنه فرض الصوم، فالصوم يحطّ من إمكانيات الفرد ويجعله لا يقوى على واجب هو ليس واجبا شخصيا بل واجب نحو أمّته ونحو دينه.
هذا ما يتعيّن عليكم إدراكه حقّ الإدراك دون أيّ التباس قد يركبه خصومنا الكثيرون مطيّة للتهجّم علينا وحملنا محمل الكفر والعياذ بالله. إني لا أدعو الأمّة إلى ترك الصيام بل إنّي أقول أنّ تعبا يقعدهم عن شغل حيويّ يكسبكم قوتكم وقوت ذويكم ويوفر لكم سببا من أسباب رفع هذا الدين إلى المستوى اللائق به .. إذا خفتم أن يحول بينكم وبين هذا العمل المطلوب منكم لبلوغ هذه الأهداف السامية، فإن فضيلة الشيخ محمد العزيز جعيط يقول لكم إنّ الدين يجعلكم في حلّ من الصيام على أن تؤدوا صيام الأيام التي فطرتم فيها عندما يتيسر لكم ذلك، يوم تحالون على التقاعد مثلا أو عندما تكون الظروف مواتية، ليس هناك مانع ديني يمنع من ذلك.
ولكم في رسول الله أسوة حسنة
أما اليوم فإننا نواجه تعبئة عامّة يتعيّن فيها أن يكون العمل متواصلا لا يعرقله معرقل ولا يوقف اندفاعه شيء. والخطر كل الخطر أن يتكسّر الاندفاع وأن يتعطل شهرا أو شهرين بدعوى أن صوم رمضان هو السبب.
إننا في غمرة مشاكلنا ومعاركنا السياسيّة لم نجد وقتا كافيا لدرس السيرة النبويّة بإمعان. ولقد اطلعنا عليها وعلمنا منها الكثير ولكن جوانب منها لم نهتد إليها. وقد أرشدني فضيلة الشيخ محمد العزيز جعيط في مجلس جمعنا مع فضيلة الشيخ الطاهر بن عاشور إلى حادثة في حياة الرسول صلى الله عليه وسلّم دلتنا على رأيه واتجاهه وعلى تصرّفه لو بقي صلى الله عليه وسلّم حتّى اليوم. يقول فضيلة مفتي الديار التونسيّة إن رمضان أدرك المهاجرين والأنصار وهم يسلكون طريقهم بقيادة النّبي الكريم إلى فتح مكّة فصام بعضهم وأفطر آخرون، فأراد صلى الله عليه وسلّم أن يشجعهم فأفطر ومع ذلك تمسك البعض منهم بالصوم فأمرهم بالإفطار وقال لهم :“أفطروا لتقووا على ملاقاة عدوّكم”، حديث شريف وسنّة نبويّة كريمة كانت مجهولة منا والحال أنها جديرة بأن تلقى كل يوم جمعة في الجوامع والمساجد، وأن تظفر بما هي حرية به من درس وتحليل لقد كان صلى الله عليه وسلم في حاجة إلى جنود الإسلام ليقهر بهم أعداء الدين، وماذا يفيد الدين يا ترى إذا تمسكوا بالصوم ثم اندحروا أمام قريش.
إنّ جميع رجال الدين الحاضرين في هذه القاعة يعلمون أن الإسلام يحضّ على الإفطار في رمضان ليقوي المسلمون على أعدائهم وأعداء المسلمين اليوم: الانحطاط والخصاصة والذل والمهانة. إن الدين يأمركم أن تقووا على أعدائكم كي لا تبقوا في مؤخرة الأمم، وإذا اردتم أن يكتب الله لكم ثوابا في الدار الآخرة فما عليكم إلاّ أن تعملوا بضع ساعات إضافية خير لكم من صوم لا عمل فيه يدفعكم إلى زيادة التقهقر.
وهذه السنة النبوية كشفت القناع عن حقائق دينية كانت مجهولة لا يتعرض لها الفقهاء خشية من بساطة الناس.
وهناك واقعة أخرى في السيرة النبوية حدثنا عنها أساتذتنا عندما كنا تلاميذ بالمدرسة الصادقية، وهي أن النبيّ صلي الله عليه وسلم التقى في طريقه برجل يتعبّد في صومعة يقضي ليله ونهاره مصليا، وقيل له أنه زاهد في الدنيا، فسال عمن يطعمه فقيل له إنه أخوه، وكان حاضرا، فالتفت إليه رسول الله وقال له: إنك أفضل منه لأنك تعمل من أجل إطعامك وإطعامه أو كما قال.
الدين لا يبيح القعود عن العمل:
هذا هو ديننا الحنيف الصالح لكل زمان ومكان والمساير لجميع الظروف، والبلاد التي تدعو فيها الحاجة إلى الشغل والعمل والجهاد في منطقة معينة لا يمكن أن يقعدها الدين عن ذلك، لاسيما وهو دين يدعو إلى الجهاد، وإذا ما قال قائل إن الدين يقعد بالمسلمين عن التطور والتقدم فإنّي أردّ عليه بأنه يستحيل أن يكون الدين سببا في تأخّرنا وفي ضعفنا.
والأمر لا يدعو إلى اجتهاد كبير، بل يكفي أن نراجع كتب السيرة التي لا تترك مجالا للتردد في الإمساك عن الصوم حالما يشعر المرء بخطر يهدد بدنه أو شغله أو إنتاجه، أو ينال منه في القيام بواجبه في هذه الدنيا وفي سعيه ليحظى بعيش الكرامة وفي مساهمته لتخليص بلاده من التخلف والانحطاط.
إن الدين والحالة تلك لا يطالب بالاستمرار في الصوم ويراه غلوا ولا غلوّ في الدين. ولكنه الجهل جعل الناس يعتقدون أمورا ما أنزل الله بها من سلطان عن حسن نية.
وقد تكونت عادات وتقاليد ارتبطت برمضان، لعلها السبب الرئيسي فيما أصابنا من انحلال عزائمنا في ذلك الشهر، فقد ألف الناس أسماره الطويلة ومآكله الدسمة وخلاعة ملاهيه وغير ذلك مما يأباه الدين ويجرّ إلى النكبات وفقد الثروات، وكثرة المأكل تؤدّي إلى تأزم الأمراض بل هي التي تثيرها.
كل هذا يجب أن يوضع له حدّ وأن يتوقّف السهر عند حدّ معقول، لأنه هو الذي يحول بين الرجل وبين القيام بواجبه في الغد، فتتكون عادات جديدة وتتبدل المواعيد وينحزم كل نظام وتشحب سحنات وتصفرّ وجوه، ولا يعود أيّ كان يستطيع أن يقوم بعمل منتظم مثمر، وكلٌّ يشكو رمضان وتعب الصيام. ولعل أكثر الناس شكوى من رمضان اولئك الذين يفطرون ولكنهم يتأخرون عن مواعيد العمل أكثر من سواهم.
وعليه، فابتداء من هذا العام تقرّر منع جميع هذه التصرّفات المخلّة بالكرامة والمفسدة للأخلاق، فلا تتغير أوقات العمل في المصالح الإدارية، ولا يتجاوز السهر منتصف الليل، ولا تقام الحفلات الراقصة في المقاهي وغير ذلك من الأمور المزرية، ولنا الكفاية في أعيادنا الدينية والوطنية لنتّعظ ونعتبر، ولا داعي لتواصل عيدنا شهرا كاملا وأن يمتدّ إلى شهر قبله وشهر آخر بعده، فكفانا استهتارا بالقيم والأخلاق والدين في آن واحد. إنّنا في حاجة إلى القوّة وهذه الدولة بما عرف عنها من حزم ونكران ذات واخلاص وحبّ للخير جديرة بأن تلقى من الشعب الامتثال والطاعة والعمل المثمر رغم العادات الماضية.
ولقد اندحرنا وتقهقرنا ودعانا داعي الجهاد المتواصل فما ضرّنا لو تخلّصنا من جميع العادات الوبيلة وانكببنا على العمل واتخذنا لنا أفراحا معقولة واضحة المعالم مثل الأفراح الوطنية والدينية، بدون أن نتذرّع بها للاستهتار والتفسّخ أو لإثارة الخصومات والخلافات والانزلاق إلى التصارع وتبادل اللكم في سوق العصر والباب الجديد متذرّعين بأنّ ذلك هو تأثير رمضان.
يجب أن نتمسك بجادّة العقل وأن نتبيّن الهدف الذي نسعى لإدراكه، وعندها تهون علينا التضحية بالعادات والسهرات مما يعود علينا بالضرر من جميع الوجوه.
وما كل هذا إلاّ توفير لأسباب النجاح في معركة البناء والتشييد وفي التشغيل المستمر، والأمر يعود إلى التفكير وإعمال الرأي.
والعاطلون الذين نشغّلهم يجب أن يقتنعوا بأننا لا نبغي تمكينهم من الأجور فقط، بل نروم توفير ثروة البلاد والخروج من طور الانحطاط الذي يصمنا بوصمة عار باعتبارنا تونسيين وعربا ومسلمين.
وإذا ما تحقق هذا الهدف ولقينا من الشعب الحماس والامتثال والعمل والعزوف عن العادات البالية والمعتقدات الدينية الخاطئة، وإذا ما واصلنا السير جنبا إلى جنب يدا واحدة، فإننا منتصرون في معركتنا الكبرى؛ معركة بناء دولة حرّة وأمّة مسايرة لمقتضيات العصر في مقدّمة الشعوب الحيّة.
والسلام عليكم ورحمة الله "
المصدر:الحبيب بورقيبة :خطب، الوزارة الأولى، نشريات كتابة الدولة للإعلام، تونس 1960-1961
( العناوين الفرعيّة موضوعة في المصدر نفسه)
2.فتوي الشيخ جعيط
" بسم الله الرّحمان الرّحيم
و الصّلاة و السّلام على أشرف المرسلين
الفتوى رقم 20 :الأعذار المبيحة للفطر في رمضان
السؤال :ما هي الأعذار المبيحة للفطر في رمضان؟
الجواب: أوّل ما يلزم معرفته أنّ الله تعالى أمر المسلمين كافّة أن يقوموا بصوم أيّام هذا الشهر، أي يمسكوا عن شهوتي البطن والفرج من الفجر إلى غروب الشمس، واهتم بأمر الصوم فجعله من دعائم الإسلام ونصّ على فرضه القرآن والسنّة وانعقد الإجماع على وجوبه واشتهر ذلك فصار من المعلوم من الدين بالضرورة يخرج منكر وجوبه من حظيرة الإسلام ويستحقّ المعتقد وجوبه المتخلّف عن أدائه لغير عذر شرعيّ عقاب الله في الدار الآخرة ذلك هو الخسران المبين.
و الأعذار الشرعية المبيحة للفطر في رمضان هي المرض والسفر بنص القرآن المبين قوله تعالى:
“و من كان مريضا أو على سفر فعدّة من أيّام أخر”البقرة 185 .
وأمّا المرض المبيح للفطر في رمضان فهو المرض الذي يتسبّب الصوم في زيادة آلامه وتأخّر البرء منه، أمّا إذا بلغ المرض حدّا يكون الصوم معه وسيلة لهلاك النفس فإنّه يجب الفطر منه ويحرّم الصوم. ويجب الصوم على الأصحّاء أصحاب الأشغال اليدوية الشّاقة المضطرين للشغل للقيام بشؤون حياتهم وحياة أهليهم، وإذا عرض لهم أثناء الشغل في نهار رمضان عطش شديد أو دوار أو إغماء أو غير ذلك من الأمور المبيحة للفطر، يباح لهم الفطر في ذلك اليوم ويقضونه في بقية الأشهر ولا يلزم الشغّالين ترك العمل خيفة عروض ما يفضي إلى الفطر.
وهنا أنبّه الصّائمين إلى أن ما يشعرون به من الفتور أثناء الصوم متولّد في غالب الأحوال من مواصلة لسهر الليل كلّه أو جلّه فيصبح الصائم لقلّة النوم فاترا عاجزا عن القيام بعمله على الوجه الأكمل، وليس ناشئا عن الإمساك عن الطّعام والشراب بضع ساعات إذا لم يكن الإنسان معتلا. وهذا ما يدعوني إلى التنويه بما أعلنه الرئيس الحبيب بورقيبة على تحجير فتح دور اللّهو في ليالي رمضان هذا الشهر المبارك وعلى وجوب إغلاق الدولة المقاهي في الأوقات المعتادة في أشهر الفطر، الأمر الذي يعين على القضاء على السهر بالقضاء على أسبابه وبذلك نحفظ للجسم صحّته وتوفّر نشاطه وتصان الأخلاق من التدهور."
المفتي شيخ الإسلام في تونس
محمد العزيز جعيط
المصدر: جريدة الصباح 14 فيفري 1960(وقد ألقيت في الإذاعة التونسيّة قبل يوم من نشرها)

jeudi 25 juin 2015

Une réflexion écrite par une personne sur Facebook (concernant le jeûne de Ramadan)

Je n’ai jamais observé le jeune ou du moins je ne l'observe plus depuis l'âge de 16 ans . cette année, j’ai décidé dans la volonté, individuelle et collective, de rupture avec l’ordre établi ,de le faire savoir même si tout le monde le sait déjà et que je ne l’ai jamais caché , car tout moyen d’action peut être envisagé
Partout on se bat, on manifeste, on se met en grèves, on coupe des routes, on brûle des édifices,… Je décrète cette fatwa personnelle. Cette année, j’ annonce clairement au su et au vu de tout le monde que je ne me suis jamais soumis et ne me soumettrai jamais au mimétisme social, au suivisme de la meute, au réflexe instinctif , au conditionnement alimentaire. Comme à mon accoutumé ,pas de couffin, pas de marché, pas de viande, pas de repas amélioré, pas de sieste prolongée, pas de temps mort, … je mangerai les restes une fois par semaine comme à l'accoutumé , je ne ferai jamais la queue pour du pain ou des variantes ou " luxuriances " je vivrai exactement comme les autres jours. Le Ramadan a toujours symbolisé pour moi cette forme de régression des sociétés arabo-musulmanes. Le temps, l’économie, le tourisme et l’administration s’arrêtent. Bourguiba, du temps de sa splendeur, avait déclaré que le retard du monde musulman était dû principalement au fait que, durant le mois de ramadan, le musulman est improductif. Donc, depuis l'apparition de l'islam il y a 14 siècles, les musulmans ont perdu 1400 mois d'inactivité, totalisant plus de 116 ans de retard sur les sociétés non musulmanes. Il était loin du compte : car il ne décomptait ni les heures de prière, ni le coût des pèlerinages à la Mecque, ni l'inactivité forcée des femmes, ni les guerres de religion entre musulmans .
On entre en hibernation. Les citoyens se transforment en tubes digestifs, les commerçants en vampires, les garages en pâtisseries ou en fast-food nocturnes, les automobilistes en chauffards… Les gouvernements deviennent des épiceries gérant la farine , le sucre , les oeufs ( ingrédients des confiseries du mois de ramadan et de l'aid ) la viande et le poulet
Sous l’effet de l’hypoglycémie le cerveau s’éteint, c’est l’estomac qui pense. Plus rien n’a d’importance que le repas du soir .pour preuve on te souhaitera une « chéhia taïba . » dès 7 heures du matin .
On s’enferme le jour et on sort la nuit comme des animaux nocturnes. La saignée financière du Ramadan, où tout devient très cher,( sans parler des fringues de l'Aid) impose aux moins aisés de se reconstruire financièrement durant plusieurs mois.
Une remise en cause s’impose sans tabou religieux.
Depuis l’indépendance, quel bénéfice spirituel, ou avancée sociopolitique avons-nous gagné de notre pratique alimentaire du Ramadan et de notre Aid ? Aucune. Au contraire , les dépravations de toute sorte se sont aggravées. L’avant ou l’après-Ramadan sont devenus les pires repères de stagnation et d’éternel statu quo… Comme si la Terre s’arrêtait de tourner durant un mois, et qu’il faut tout recommencer.

dimanche 8 mars 2015

Géopolitique de l'espionnage

En dévoilant il y a un an et demi la machine de surveillance mise en place par les services de renseignement américains, l'affaire Snowden a démontré le peu de respect de l'administration de M. Barack Obama pour la vie privée. Mais sa portée est bien plus vaste : elle révèle les rapports de pouvoir à l'échelle mondiale et les mutations du capitalisme numérique.
[...] Depuis 1948, l'accord "United Kingdom - United States Communications Intelligence Agreement" (Ukusa) constitue le cœur des programmes de surveillance des communications mondiales. Dans ce traité, les Etats-Unis sont nommés "partie première" (first party) et la NSA est spécifiquement reconnue comme la "partie principale" (dominant party). Le Royaume-Uni, le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande représentent les "parties secondaires" (second parties). Chacun de ces pays, outre qu'il s'engage à assurer la surveillance des communications dans une région donnée, à partager ses infrastructures avec les Etats-Unis et à mener des opérations communes avec eux, peut accéder aux renseignements collectés selon des modalités fixées par Washington [Cf. Jeffrey T. Richelson et Desmond Ball, The Ties That Bind : Intelligence Cooperation Between the Ukusa Countries, Allen & Unwin, Boston, 1985, et Jeffrey T. Richelson, The US Intelligence Community, Westview, Boulder, 2008. Lire Philippe Rivière, "Le système Echelon", Le Monde diplomatique, juillet 1999].
Les pays de l'Ukusa - les five eyes ("cinq yeux"), comme on les appelle parfois - collaboraient dans le cadre de la guerre froide. L'Union soviétique représentait le principal adversaire. Mais, face aux avancées des mouvements anticoloniaux, anti-impérialistes et même anticapitalistes en Asie, en Afrique et en Amérique latine, les Etats-Unis ont étendu leurs capacités de collecte de renseignement à l'échelle mondiale. Les alliances ayant fondé ce système dépassent donc largement le cercle des premiers signataires. Par exemple, à l'est et à l'ouest de l'Union soviétique, le Japon et l'Allemagne comptent parmi les "parties tierces" (third parties) du traité. On notera que, à la suite des révélations de M. Snowden, Mme Merkel a demandé aux Etats-Unis de partager les renseignements dont ils disposent avec l'Allemagne, selon des conditions similaires à celles dont bénéficient les "parties secondaires". L'administration Obama lui a opposé une fin de non-recevoir.
[...] La collecte, massive et concertée, de données par les grandes entreprises n'est pas un fait naturel. Il a fallu la rendre possible, notamment en transformant l'architecture initiale d'Internet. Dans les années 1990, alors que le World Wide Web commençait tout juste à s'immiscer dans la vie sociale et culturelle, les entreprises informatiques et les publicitaires ont fait du lobbying auprès de l'administration Clinton pour réduire la protection de la vie privée au strict minimum. Ainsi, ils ont pu modifier le Net de façon à surveiller ses utilisateurs à des fins commerciales. Rejetant les initiatives de protection des données, fussent-elles timides, réseaux sociaux, moteurs de recherche, fournisseurs d'accès et publicitaires continuent d'exiger une intégration plus poussée de la surveillance commerciale à Internet - c'est la raison pour laquelle ils promeuvent le passage à l'informatique "en nuage" (cloud service computing). Quelques milliers d'entreprises géantes ont acquis le pouvoir d'accaparer les informations de la population du monde entier, du berceau à la tombe, à toute heure de la journée. Comme l'explique le chercheur Evgeny Morozov, les stratégies de profit de ces entreprises reposent explicitement sur les données de leurs utilisateurs. Elles constituent, selon les mots du fondateur de WikiLeaks, M. Julian Assange, des "moteurs de surveillance" [Lire Evgeny Morozov, "De l'utopie numérique au choc social", Le Monde diplomatique, août 2014. Cf. Jukian Assange, Cyberpunks : Freedom and the Future of the Internet, OR Books, New York, 2012].
Ces stratégies de profit deviennent la base du développement du capitalisme numérique. La dynamique d'appropriation des données personnelles électroniques se renforce puissamment sous l'effet d'une double pression, économique et politique. Pour cette raison même, elle s'expose à une double vulnérabilité, mise en lumière par les révélations de M. Snowden.
[...] Le rejet de la domination des intérêts économiques et étatiques américains sur le capitalisme numérique n'est pas seulement perceptible dans les sondages d'opinion. Pour ceux qui cherchent depuis longtemps à croiser le fer avec les compagnies américaines, les révélations de M. Snowden constituent une aubaine inespérée. En témoigne l'extraordinaire "Lettre ouverte à Eric Schmidt" (président-directeur général de Google) écrite par l'un  des plus gros éditeurs européens, M. Mathias Döpfner, du groupe Axel Springer. Il y accuse Google, qui détient 60% du marché de la publicité en ligne en Allemagne, de vouloir devenir un "super-Etat numérique" n'ayant plus de comptes à rendre à personne. En expliquant que l'Europe reste une force "sclérosée" dans ce domaine essentiel, M. Döpfner cherche bien sûr à promouvoir les intérêts des entreprises allemandes (Frankfurter Allgemeine Feuilleton, 17 avril 2004).
La stagnation chronique de l'économie mondiale exacerbe encore la bataille menée par les grandes entreprises et l'Etat pour accaparer les profits. D'un côté, les fournisseurs d'accès à Internet et les grandes entreprises forment la garde prétorienne d'un capitalisme numérique centré sur les Etats-Unis. A elle seule, la société Microsoft utilise plus d'un million d'ordinateurs dans plus de quarante pays pour fournir ses services à partir d'une centaine de centres de données. Android et IOS, les systèmes d'exploitation respectifs de Google et d'Apple, équipaient à eux deux 96%  des smartphones vendus dans le monde au deuxième trimestre 2014. De l'autre côté, l'Europe affiche de piètres performances : elle ne domine plus le marché des téléphones portables, et Galileo, son projet de géolocalisation par satellite, connaît de nombreux déboires et retards.
[...] En mai 2014, le président-directeur général de l'équipementier informatique Cisco a par exemple écrit au président Obama pour l'avertir du fait que le scandale de la NSA minait "la confiance dans notre industrie et dans la capacité des sociétés technologiques à vendre leurs produits dans le monde" (Financial Times, 19 mai 2014).
Pour les entreprises informatiques, la menace provenant du monde politique se précise. Certains Etats, invoquant les révélations de M. Snowden, réorientent leur politique économique. Le Brésil et l'Allemagne envisagent la possibilité de n'autoriser que les fournisseurs nationaux à conserver les données de leurs citoyens - une mesure déjà en vigueur en Russie. En juin dernier, le gouvernement allemand a mis un terme au contrat qui l'unissait de longue date à la compagnie américaine Verizon, au profit de Deutsche Telekom. Un dirigeant chrétien-démocrate a déclaré pour sa part que le personnel politique et diplomatique allemand ferait mieux de revenir à la machine à écrire pour tous les documents sensibles. Le Brésil et l'Union européenne, qui prévoient de construire un nouveau réseau de télécommunications sous-marin pour que leurs communications intercontinentales n'aient plus à dépendre des infrastructures américaines, ont confié cette tâche à des entreprises brésilienne et espagnole. De la même façon, Brasilia a évoqué l'abandon d'Outlook, le service de messagerie de Microsoft, au profit d'un système utilisant des centres de données implantés sur son territoire.
Cet automne, les représailles économiques contre les entreprises informatiques américaines se poursuivent. L'Allemagne a interdit l'application de partage de taxis Uber ; en Chine, le gouvernement a expliqué que les équipements et services informatiques américains représentaient une menace pour la sécurité nationale et demandé aux entreprises d'Etat de ne plus y recourir.
[...] Selon ses dires, M. Snowden espérait que ses révélations "seraient un appui nécessaire pour batîr un Internet plus égalitaire" [Glenn Greenwald, Nulle part où se cacher, JC Lattès, Paris, 2014]. Il voulait non seulement déclencher un débat sur la surveillance et le droit à la vie privée, mais aussi influencer la controverse sur les déséquilibres inhérents à l'infrastructure d'Internet.
Dans sa construction même, Internet a toujours avantagé les Etats-Unis. Une opposition, internationale mais sporadique, s'est fait entendre dès les années 1990. Elle s'est intensifiée entre 2003 et 2005, lors des sommets mondiaux sur la société de l'information, puis de nouveau en 2012, lors d'une rencontre multilatérale organisée par l'Union internationale des télécommunications. Les révélations de M. Snowden exacerbent ce conflit sur la "gouvernance mondiale d'Internet" [Lire "Qui gouvernera Internet ?", Le Monde diplolmatique, février 2013]. Elles affaiblissent la "capacité de Washington à orienter le débat sur l'avenir d'Internet", explique Financial Times, citant un ancien responsable du gouvernement américain pour qui "les Etats-Unis n'ont plus l'autorité morale leur permettant de parler d'un Internet libre et ouvert" (21 avril 2014).
Après que la présidente Rousseff eut condamné les infractions commises par la NSA devant l'Assemblée générale de l'ONU en septembre 2013, le Brésil a annoncé la tenue d'une rencontre internationale pour examiner les politiques institutionnelles définies par les Etats-Unis concernant Internet : le "NET-mundial, réunion multipartite mondiale sur la gouvernance d'Internet", s'est tenu à São Palo en avril 2014 et a réuni pas moins de cent quatre-vingts participants, des représentants de gouvernements, des entreprises et des associations.
Les Etats-Unis ont tenté de contrecarrer cette initiative : quelques semaines avant le rassemblement, ils ont promis, non sans poser plusieurs conditions importantes, d'abandonner leur rôle de supervision formelle de l'Internet Corporation for Assigned Names and Numbers (Icann), l'organisme qui administre certaines des fonctions vitales du réseau. L'opération a réussi. A l'issue du NETmundial, la Software and Infirmation Industry Association (SIIA), établie aux Etats-Unis, s'est félicitée : "Les propos tenus sur la surveillance sont restés mesurés", et "cette rencontre n'a pas donné la part belle à ceux qui privilégient un contrôle intergouvernemental d'Internet, c'est-à-dire placé sous l'égide des Nations unies" [Carl Shonander, "SIIA welcomes outcome if NETmundial global multistakeholder meeting", 25 avril 2014, www.siia.net].
[...] A la suite du NETmundial, le groupe des 77 plus la Chine a appelé les entités intergouvernementales à "discuter et examiner l'usage des technologies de l'information et de la communication pour s'assurer de leur entière conformité au droit international" ["Declaration of Santa Cruz : For a new world order for living well", 17 juin 2014. Créé en 1964, le groupe des 77 réunit au sein de l'Organisation des Nations unies des pays en développement soucieux de promouvoir des intérêts économico-diplomatiques communs], et exigé que soit mis un terme à la surveillance de masse extraterritoriale.
Ainsi, le conflit structurel sur la forme et la domination du capitalisme numérique s'accentue. Bien que la coalition disparate liguée contre le pouvoir et les grandes entreprises de la Silicon Valley ait pris une certaine ampleur, ces derniers restent déterminés à préserver leur hégémonie mondiale. Selon M. Kissinger, avocat notoire de la suprématie des Etats-Unis, les Américains doivent se demander : que cherchons-nous à empêcher, quel qu'en soit le prix, et tout seuls si nécessaire? Que devons-nous chercher à accomplir, fût-ce en dehors de tout cadre multilatéral? Fort heureusement, les Etats, les multinationales et leurs zélateurs ne constituent pas les seuls acteurs politiques. Soyons reconnaissants à M. Snowden de nous l'avoir rappelé.
Dan SCHILLER*
Géopolitique de l'espionnage,
Le Monde diplomatique,
N°728, Novembre 2014


*Auteur de Digital Depression. Information Technology and Economic Crisis, University of Illionois Press, Urbana, 2014.



dimanche 1 mars 2015

الوهابية: الأداة الأيديولوجية لإمبريالية القرن 21

في كل مرحلة من مراحل الامبريالية، أيديولوجيا حاكمة أو أداة أيديولوجية حاكمة؛ فمن ادعاء المسؤولية الغربية إزاء تمكين الأمم من «التحضّر» في عصر الاستعمار الكولونيالي، إلى النازية والفاشية اللتين حاولت أقسام من الامبريالية، بواسطتهما، تجاوز أزمة الرأسمالية واستعباد الشعوب، إلى معاداة الشيوعية باسم «الحرية» في عصر الحرب الباردة، إلى اقتصاد السوق المعولَم والنيوليبرالية المعادية للدول الوطنية، ودورها الاقتصادي الاجتماعي، في فترة القطب الواحد.
العنصر الأيديولوجي الأساسي في الرؤية الأميركية ــــ الغربية الجديدة نحو العالم، تبلور في منظومة ما بعد الحداثة، أو، للدقة، المنظومة المضادة للحداثة؛ فإذا كانت قيم الحداثة تقوم على الانتاج والعقلانية والإنسانية والموضوعية العلمية والدولة الوطنية ــــ القومية الخ؛ فإن فكر ما بعد الحداثة، يقوم على مركزية الأدوات المالية المصرفية ــــ العقارية ــــ الطاقويّة، واللا ــــ عقل، وتسخيف القيم الإنسانية، واعتبار الموضوعية، زائفة، ونفي المعايير البينية، وتفكيك الدول القومية.
في مواجهة هذا المسار الأيديولوجي، بدأت تتحرك دول قومية تستعيد قيم الحداثة، كما في روسيا ودول أخرى صاعدة، ذات توجهات حداثية. هذا التحدي، يختلف، نوعيا، عن التحدي الشيوعي؛ فهو يندرج في سياق التنافس الاقتصادي، ويشق الرأسمالية العالمية نفسها، ويدفع صوب نماذج رأسمالية قومية جديدة، ووسائل توسّع غير استعمارية. فالصين، توسعت عالميا من دون أن يتحرك جيشها خارج الحدود. وترفع روسيا راية القومية والدولة في عصر العولمة الغربية القائمة على اخضاع العالم، كليا، لنموذج اقتصادي اجتماعي ثقافي واحد، هو النموذج الأميركي. ويستعيد الروس، كأيديولوجيا، قيم الحداثة، وفي مقدمها الاحتكام إلى الشرعية الدولية.
في العقد الأخير من الحرب الباردة، كانت الولايات المتحدة، قد لجأت إلى الاسلام الوهّابي ــــ بتجلياته الاخوانية والتكفيرية الإرهابية ــــ للقيام بمعركتها النهائية مع السوفييت في أفغانستان؛ وحين سقط الاتحاد السوفياتي ومنظومته العالمية، وبدأت مرحلة القطب الواحد والنيوليبرالية المنفلتة، وجدت واشنطن أنه آن الأوان، لوضع سلاح الاسلام الوهابي في الأدراج، والشروع ــــ تحت تأثير المحافظين الجدد ـــــ بالتخلص من «عقدة فيتنام»، وإرسال الجيش الأميركي للقيام بمهمات الحرب، آمنا من توازن الرعب السابق مع موسكو؛ غير أن هذه التجربة، انتهت بتشكُّل «عقدة العراق». هنا، بدأ التفكير، مجددا، باستخدام الأدوات الوهابية، مرةً أخرى؛ فجرى اضعاف واغراق المقاومة العراقية ــــ ذات المثابرة والكثافة النارية غير المسبوقة ــــ في الحرب الأهلية المذهبية، والتمكين لانتشار ميليشيا «القاعدة» التي حولت الصراع في العراق، من مقاومة الاحتلال إلى مقاومة المكوّنين الشيعي والمسيحي. وقع هذا الخيار في العراق، في العام 2005، متزامنا مع تحشيد مذهبي «ليبرالي» في لبنان وسوريا، انفجر في اغتيال رفيق الحريري، المنسق العام للانقلاب الأميركي ــــ السعودي ــــ المذهبي في البلدين.
لم ينجح المشروع الأميركي في لبنان وسوريا، لكنه نجح، جزئيا، في العراق الذي، مع ذلك، استطاع أن يحول الحرب الأهلية من مستوى التوتر العالي إلى حرب من المستوى المنخفض.
بدأ التحضير للتغيير الايديولوجي نحو اعتماد الوهّابية كأداة أيديولوجية للامبريالية في عصر ما بعد الحداثة، منذ، وبانتخاب، باراك أوباما (المسلم السابق، الأسمر البشرة) رئيسا للولايات المتحدة، العام 2009؛ بدأ بخطاب ودي استرضائي نحو الإسلام والمسلمين بعامة، وأوقف «الحرب على الإرهاب»، وبدأت إدارته حوارا مع الإخوان المسلمين، تُوّج، في العام 2010، بتفاهم استراتيجي، سبق ما سُمّي «الربيع العربي»؛ مرحلة قصيرة من التفكيك، يتلوها سيطرة الإخوان المسلمين على مفاصل المنطقة. ولعبت كل من تركيا وقطر، الدور الرئيسي في تفعيل هذا المسار.
بصمود سوريا، والتحامها مع المقاومة في لبنان، وقيام تحالف روسي ــــ ايراني لدعم دمشق والتصدي لمنتجات «الربيع» الأسود، ونجاة مصر من حكم الاخوان، واستمرار الحراك في البحرين، وانبثاق قوة الحوثيين في اليمن؛ بكلّ ذلك وسواه من مظاهر نشوء جدار مضاد للإمبريالية، ذهبت واشنطن نحو الخيار الوهّابي الإرهابي حتى منتهاه؛ لقد أظهرت أزمة أوكرانيا، ضعف الفاشية في أوروبا، بينما محدودية عديد اليهود في العالم، والطابع الاثني الضيّق للدين اليهودي، وعزلة إسرائيل، تجعل الفاشية الصهيونية خارج المنافسة؛ أما المسيحية، فمن الواضح أنها تعلمنتْ، نهائيا.
الاسلام الوهّابي الحركي، بكل أشكاله السياسية والإرهابية المتداخلة، يسمح للإمبريالية (1) بتحشيد دول ومليشيات، وراءها، في الإشعال المستمر للحروب الأهلية العربية، (2) وبشن العدوان على البلدان العربية المركزية (العراق، سوريا، مصر) بواسطة الميليشيات المدارة مباشرة أو عبر تركيا ــــ السعودية ــــ قطر، (3) تهديد روسيا وايران وحتى الصين بالإرهاب؛ (4) وبالمقابل، فإن اعتماد الأيديولوجية الوهّابية بالمقلوب، يسمح للإمبريالية، بالتحكم بالشعوب الغربية، واخضاعها للإسلاموفوبيا.

ناهض حتر
سياسة
العدد ٢٥٢٩ الجمعة ٢٧ شباط/فبراير ٢٠١٥

mardi 6 janvier 2015

الباجي قائد السبسي : عندما ينقلب "رجل العائلة" على "رجل السياسة"

 حين يراهن المتسابقون إلى كرسي الحكم على حصان عجوز فعليهم أن ينتظروا كبواته وحرونه و سوء تصرّفه. وقديما قيل يغلب الطبع التطبّع. حصاننا العجوز تمرّس بالسياسة في مدرستها الديكتاتورية المشخصنة، في بلاط الزعيم الأوحد رئيس الحزب الأوحد صاحب الرأي الأوحد "المتوحّد" (autiste). كان على جميع الخيول الجامحة أن تشكم نفسها في انتظار الفرصة المناسبة، الّتي تأخّرت بالنسبة للباجي قائد السبسي وانتظرت طويلا، حتّى ولّت ديكتاتوريّة بورقيبة وولّت بعدها ديكتاتوريّة بن علي.
في خضمّ تقلّبات السياسة، أتقن الباجي التقلّب معها وركوب صهوات أمواجها، كمحترف سياسة حقيقي. ساند سياسة التعاضد حين كانت موجة التعاضد هي الطاغية بفرمان بورقيبيّ، وانقلب عليها حين بدأ نجمها في الأفول. وكذلك الحال مع أحداث جانفي 78 الّتي كادت تعصف بعرش الرجل العجوز خلال مواجهته مع اتّحاد الشغل، خرج عن طاعة السلطان برهة لحين هدوء الجوّ ثمّ عاد إلى حظيرته ما إن استقرّت الأمور.
وكسبّاح محترف وسمكة تعرف جيّدا مياه الحكم، تنقّل الباجي بين مختلف درجات الملوحة من الداخليّة الّتي أمسكها في فترة التصفيات الجسديّة لليوسفيّين إلى الدفاع مرورا بالخارجيّة، وصولا إلى قبّة باردو الّتي دخلها دخول المؤلّفة قلوبهم رئيسا لبرلمان بن علي المنقلب على "الزعيم".
طوال سنوات خلت، احتفظ الباجي قايد السبسي - كسمكة محنّكة تدرك أنّ التّيّار لا يناسب السّباحة - بخاصيّة الكمون والسبات الشتوي الّذي طال به بعيد سقوط رأس النظام وتصدّع أركانه, أُخْرِجَ الباجي من الثلاّجة القطبيّة وأُعيدت له الحياة ليقدّم للتونسيّين كضامن لاستمرار الدولة، وشخصيّة وطنيذة من جيل الآباء المؤسّسين قادر على إنقاذ السفينة بما عليها ومن عليها.
لن نتوقّف طويلا عند مرحلة حكمه ولا ظروف نشأة حزبه. فالأهمّ هو الملاحظة أنّ هذا الحزب بني حول شخصيّة الرجل القويّ، مستعيرا الهيئة البورقيبيذة حتّى على مستوى النّظارات والحركات وأسلوب الخطاب. لقد نجح الباجي قايد السبسي في تحويل الإرث البورقيبي إلى أصل تجاري احتكره وانتصب فيه فوضويّا وزيّن جدرانه وواجهته بصورته الّتي جعل الخداع الضوئي منها مشابهة للأصل البورقيبي. وكما سبق "للزعيم" أن حوّل الحزب إلى أوليغارشيا عائليّة من خلال هيمنة زوجته وابنة أخته على دواليب القرار السياسي، فإنّ الباجي لم يشذّ عن القاعدة وهو يفرض ابنه الخالي الوفاض من التجربة السياسيّة أو الفكريّة على الحزب. فرضه على رأس أهمّ قائمة انتخابيّة كما هو معلن، لكنّه سلّطه كذلك على مسار تشكيل القوائم الإنتخابيّة، ليطغى الولاء والبراء في النداء، وليستعيد الحزب شكله الأصلي الّذي أراده له بانيه منذ البداية.
كثيرون من المثقّفين التونسيّين ومن السياسيّين اليساريّين والديمقراطيّين، تعلّقوا بقشّة السبسي في مواجهة طوفان الإسلاميّين طامعين في النجاة من الغرق، محاولين بناء قطب لكسر الإستقطاب الأحادي للنهضة. كثيرون آمنوا أنّ المعركة اليوم تدور حول آخر مربّعات الدولة المدنيّة الّتي تضرب جذورها في التاريخ الحديث لتونس وتعود أصولها لما قبل الإستقلال، معتقدين عن وجاهة أنّ هذه الأصول والأسس مهدّدة بالتقويض. هؤلاء الّذين التفّوا حول الباجي التفاف الفراخ المذعورة حول الدجاجة، لم يظنّوا لحظة أنّ طبعه السياسي الّذي نُحِتَ على يدي مايكل أنجلو الديكتاتوريّات سيبرز للعيان عند أوّل عمليّة نفض غبار وأوّل مفترق طرق. فوجئ هؤلاء وغيرهم من المراهنين على شيخ النداء أنّه استعاد عاداته القديمة، ليس فقط بتسليط ابنه على الحزب، وإنّما باستعادة اللاّعبين القدامى الّذين ركنتهم الثورة على الرّفّ.
فجأة طفحت كبُذُورٍ جلديّة على رأس القوائم أسماء لرؤساء شُعَبٍ تحمّعيّة ولجان تنسيق ورجال مال وأعمال اشتروا بطاقات الدخول إلى مسرح السلطة بالعطاء الجزيل. في حين ركن على الرّفّ كلّ صاحب فكر أو مشروع سياسيذ. فلا يجب أن يبقى سوى الطيّعون المتماهون مع تصوّر الباجي للعمل السياسيّ.
من وجهة نظر الرجل  ومن جاوره، فإنّ التفكير البراغماتي يبيح له مثل هذا السلوك. لماذا نغيّر اللاّعبين ماداموا قد أثبتوا طيلة عقود ولاءهم لصاحب القرار؟ هم يعرفون خبايا الناس وأسرارهم وآليّات وقوانين الّلعبة السياسيّة الّتي لطالما حكمت تونس.
من وجهة نظر مخالفيه، فإنّ هؤلاء تحديدا المسؤولون عمّا آلت إليه الأوضاع. هم السبب في تراكم أسباب القهر والإحتجاج. هم أنفسهم من ساهم بشكل رئيسيّ في تركيز الديكتاتوريّة ومن أدّوا إلى الثورة عليها وعليهم.
لقد ساهم هؤلاء وغيرهم في بناء حزب الباجي، حول الباجي، وبهيكليّة قوامها قايد السبسي الأب فالإبن. ليس من عجب إذن أن تطغى على خطاب الباجي في كلّ لقاء صحفيّ نبرة تمجيد الذات وتأليه الأنا، وليس من عجب أن يدور كلّ الحديث إلاّ بعضه عن حكمة الباجي ورؤيته الثاقبة وحنكته السياسيّة، وأن يكون الآخرون "غبارا من أفراد" كما قال في اجتماع عامّ ذات يوم.
يوم قرّر الباجي قايد السبسي فضّ الإشتباك ووقف إطلاق النار مع حركة النهضة فعل ذلك بمنطق زعيم يلتقي زعيما وشيخ يلتقي شيخا، دون أن يستشير في ذلك حلفاءه في الإتّحاد من أجل تونس، ولا أن يراعي حالة المدّ القويّة الّتي عرفها في تلك الفترة اعتصام الرحيل. هل كان بمقدور أحد من داخل النداء أن يقول للباجي لقد تصرّفت بشكل منفرد؟ وهل كان بمقدور أحد من داخل النداء أن يحاسب زعيمه على قوله في الردّ على سؤال صحفيّ: "أنا ما نشاور حدّ"؟ تلك العبارة المقتضبة تختزل شخصيّة الرجل الّتي صبغت شخصيّة حزبه الّذي تحوّل إلى ما يشبه محرّك إطلاق الصواريخ. هل تعرفون أنّ الصاروخ ينفصل عنه محرّكه ويسقط بُعَيْدَ إطلاقه بعد أن يعطيه الدفع اللاّزم، حتّى لا يثقله؟ قدر نداء تونس أن يكون مجرّد محرقة للكيروزين.
معزّ الباي،
الباجي قائد السبسي : عندما ينقلب "رجل العائلة" على "رجل السياسة"،
'آخر خبر'، العدد 106،
الثلاثاء 19 أوت 2014، ص. 18

Un plan Marshall sans lendemain pour les "printemps arabes"

En élisant une nouvelle Assemblée nationale me 26 octobre [2014], les Tunisiens porteront les espoirs du "printemps arabe". Confrontées au chaos libyen, à la guerre syrienne ou à l'autoritarisme égyptien, les populations ne se font plus d'illusions quant aux promesses des occidentaux. Annoncée main sur le cœur dans une cité balnéaire française en 2011, l'aide économique internationale n'est jamais arrivée.
Qui se souvient encore du partenariat de Deauville? Il y a trois ans, les membres du G8 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni, Russie) réunis à Deauville les 26 et 27 mai 2011, annonçaient en fanfare un plan d'aide d'une ampleur sans précédent en faveur des pays secoués par le "printemps arabe". Un volet politique aiderait à la mise en place d'Etats de droit où le pouvoir de décision serait contrôlé par les citoyens, tandis qu'un volet économique assurerait la prospérité de ces jeunes démocraties. Le président français Nicolas Sarkozy, hôte de la réunion, souhaitait en faire le "moment fondateur" d'une relation nouvelle entre les Etats arabes et les huit pays les plus industrialisés.
[...] Mais derrière cette unanimité de façade se profilaient de grandes manœuvres et de petits calculs qui faisaient douter de la sincérité de l'engagement des signataires du communiqué. Ainsi, le président français avait cherché à prendre de vitesse ceux de ses homologues étrangers qui envisageaient des initiatives similaires. Voulait-il faire oublier les "maladresses" qui avaient accompagné le début du soulèvement? Trois jours avant la fuite de M. Zine El-Abidine Ben Ali, par exemple, la ministre des affaires étrangères française, Mme Michèle Alliot-Marie, avait proposé d'apporter aux autorités tunisiennes le "savoir-faire de nos forces de sécurité". Comme de nombreux membres de la classe politique, la ministre entretenait des liens étroits avec le régime tunisien [Cf. Lénaïg Bredoux et Magnaudeix, Tunis Connection. Enquête sur les réseaux franco-tunisiens sous Ben Ali, Seuil, Paris, 2012]. Lorsqu'il fallut nommer un envoyé spécial du G8 pour la mise en oeuvre du partenariat de Deauville, le président Sarkozy porta son choix sur M. Edouard Balladur. S'il s'agissait d'adresser un message d'espoir à une jeunesse soucieuse de balayer des élites fossilisées et corrompues, il aurait pu mieux faire. L'ancien premier ministre français, alors âgé de 82 ans, n'était réputé ni pour les élans réformateurs ni pour sa connaissance particulière de la région, et son nom évoquait surtout des affaires de fonds occultes et de rétrocommissions sur les contrats d'armement.
Très vite, les faiblesses structurelles du partenariat apparurent. Les six pays "en transition", selon la catégorie établie pour la circonstance par le FMI, constituaient un groupe hétéroclite. La Tunisie et l'Egypte avaient été le théâtre de soulèvements populaires réussis, suivis d'élections démocratiques. Ailleurs, le tableau était plus sombre. Au Yémen, et surtout en Libye, où l'intervention des troupes étrangères joua un rôle déterminant, l'éviction des dictateurs fut suivie de guerres civiles. Quant à la Jordanie et au Maroc, leur évolution restait toute relative : l'accès à la manne supposée du partenariat de Deauville, qui récompensait leur "modération", devait les aider à aller dans la bonne direction, afin justement d'éviter les affres de la révolution.
Les intérêts et les priorités du G8 ne coïncidaient pas toujours avec les objectifs des insurgés. Face aux enjeux stratégiques et migratoires, à la menace terroriste ou aux réalités commerciales concernant notamment le pétrole, les avancées démocratiques ne faisaient guère le poids. D'autant que, plombés par la dette en raison du renflouement de leurs établissements financiers, les pays riches ne semblaient pas en mesure de tenir leurs promesses généreuses. La répression des manifestations avec le soutien des troupes saoudiennes à Bahreïn, les affrontements armés au Yémen, en Libye et surtout en Syrie transformèrent la donne. L'euphorie des débuts céda la place à une inquiétude mêlée de lassitude. La nostalgie des régimes autoritaires déchus, hier encore alliés utiles, se fit vite sentir. Les manquements démocratiques de certains Etats inspirèrent une certaine indulgence. Bientôt, la politique du "deux poids, deux mesures" ne s'embarrassa plus de précautions rhétoriques. Le premier ministre britannique David Cameron résuma laconiquement la nouvelle donne en 2012 : "Bahreïn n'est pas la Syrie" [David Wearing, "Bahrain may not be Syria, but that's no reason for activits to turn a blind eye", The Guardian, Londres, 8 mai  2012].
Quant aux "partenaires régionaux" censés stabiliser les six pays en transition, ils choisirent de prendre parti dans les conflits internes qui y faisaient rage. Et, plutôt que l'alliance des islamistes contre les régimes laïques qu'annonçaient les tenants de la théorie du "choc des civilisations", les lignes de fracture reflétèrent tantôt les luttes de pouvoir et d'influence, tantôt le désir d'endiguer la contagion démocratique. Des Etats comme la Turquie ou le Qatar, qui faisaient valoir jusque-là leur désintéressement et leur préférence pour l'absence de conflits avec leurs voisins, prirent fait et cause pour certaines factions. A coups d'espèces sonnantes et trébuchantes, les partenaires régionaux jouèrent ainsi le rôle de pompiers pyromanes. Tout cela compliqua singulièrement les projets d'entente nationale et les nouveaux départs. Est-ce un hasard si seule la Tunisie, qui possède peu de ressources naturelles et suscite de ce fait moins de convoitises, réussit - non sans peine - à établir les bases d'un compromis politique ?
En raison de son importance stratégique et démographique, l'Egypte fut en revanche le théâtre de tous les affrontements. L'Arabie saoudite, solidaire du président déchu Hosni Moubarak, s'opposa aux Frères musulmans, tandis que le Qatar et la Turquie les appuyèrent. Un an après son investiture, M. Mohamed Morsi, seul président civil démocratiquement élu dans l'histoire du pays, fut destitué. Et le mouvement des Frères musulmans, déclaré "organisation terroriste", fut banni à la suite du coup d'Etat militaire du 3 juin 2013 du général, futur maréchal et futur président Abdel Fatah Al-Sissi.
Les références au plan Marshall, programme américain d'assistance économique et technique qui visait à reconstruire les sociétés européennes ravagées par la seconde guerre mondiale, semblent inévitablement. Pendant une période de quatre ans (de 1948 à 1952), les Etats-Unis ont consacré 13 milliards de dollars de l'époque (soit près de 90 milliards d'euros de 2014) à la reconstruction européenne, jetant ainsi les bases d'une croissance économique durable et d'une stabilisation politique des démocraties occidentales. Mais la différence avec le partenariat de Deauville est de taille. Lorsqu'il annonça son programme européen de relance, le secrétaire d'Etat américain George Marshall appela les Européens à se rencontrer afin de mettre en place leur propre projet de reconstruction, que les Etats-Unis s'engageaient ensuite à financer. On était alors bien loin du dogmatisme idéologique qui a pris le dessus depuis. Ainsi, pas moins de 42% des sommes allouées part le plan Marshall à Paris furent affectées à trois entreprises nationalisées : Electricité de France (EDF), les Charbonnages et la Société nationale des chemins de fer français (SNCF) [Lire Serge Halimi, Le Grand Bond en arrière. Comment l'ordre libéral s'est imposé au monde, Fayard, Paris, 2006].
Le FMI occupe la place la plus importante dans ce dispositif. "Ses décisions, explique Joseph Stiglitz, ancien économiste en chef de la Banque mondiale, constituent un curieux mélange d'idéologie et de mauvaise théorie économique. Le dogme voile à peine les intérêts particuliers. A chaque crise, le FMI prescrit à nouveau les mêmes remèdes, pourtant périmés et inappropriés, sans se soucier de l'impact sur les populations. J'ai rarement vu des estimations de l'impact de ces politiques sur la pauvreté, ou des analyses ou discussions approfondies au sujet de politiques alternatives. Il n'y avait toujours qu'un seul remède possible. L'idéologie dictait la politique à suivre. Les pays devaient accepter les diktats du FMI sans débat. De telles habitudes me faisaient horreur. Ces politiques produisaient de mauvais résultats, et elles étaient antidémocratiques. Quant aux pays concernés, ils craignaient de s'opposer ouvertement au FMI, de peur de perdre les financements promis" [Joseph E. Stiglitz, Globalisation and Its Discontents, W.W. Norton & Co., New York, 2002 (Publié en français sous le titre La Grande Désillusion)].
[...] La "communauté internationale" aurait pu, par exemple, s'adosser au partenariat de Deauville pour prendre des initiatives aussi audacieuses que salutaires dans le domaine décisif de la réduction de la dette extérieure. Les nouveaux régimes avaient hérité d'un lourd passif, dont le service grevait lourdement les budgets nationaux. Afin de ne pas ternir leur image auprès du monde de la finance et des investisseurs étrangers, ils se gardèrent de réclamer trop fort son effacement, même partiel. Pourtant, une part non négligeable de la dette aurait pu être jugée "odieuse" et illégitime, selon la doctrine formalisée en 1927 par l'émigré russe Alexander Nahum Sack, alors professeur de droit à Paris : "Si un pouvoir despotique contracte une dette pour fortifier son régime despotique et réprimer la population qui le combat, cette dette est odieuse pour la population de l'Etat. Elle n'est donc pas obligatoire pour la nation : c'est une dette de régime, dette personnelle du pouvoir qui l'a contactée; par conséquent, elle tombe avec la chute du pouvoir" [Alexander Nahum Sack, Les Effets des transformations des Etats sur leurs dettes publiques et autres obligations financières, Recueil Sirey, Paris, 1927].
Mais, Abhijit V. Banerjee et Esther Duflo l'ont expliqué, l'idéologie, l'ignorance et l'ignorance - les trois "i" - empêchent les créanciers de se remettre en question et donc d'entreprendre des réformes sérieuses [Abhijit V. Banerjee et Esther Duflo, Poor Economics : A Radical Rethinking of the Way to Fight Global Poverty, PublicAffairs, New York, 2011. Lire aussi "Les faiseurs de révolution libérale" et "Fastueuses banques de développement", Le Monde Diplomatique, respectivement mai 1992 et décembre 1993]. L'idéologie néolibérale, faite d'abstractions et déconnectée des réalités sous-jacentes, encourage les recettes orthodoxes, peu adaptées aux circonstances particulières (historiques, culturelles, sociales et religieuses) des pays qu'elle entend réformer. A cela s'ajoutent les lourdeurs bureaucratiques, le carriérisme et d'autres facteurs d'inertie.
Les attentes des peuples qui venaient de se soulever se situaient aux antipodes de la posture des professionnels de l'aide extérieure, en particulier du FMI. Qu'on en juge. Au printemps 2011, quelques jours avant la rencontre de Deauville, un collectif d'économistes tunisiens proposait "un plan économique pour soutenir la transition démocratique en Tunisie" ["Un plan économique pour soutenir la transition démocratique en Tunisie", Le Monde, 18 mai 2011]. Constatant que les transitions démocratiques engendrent souvent une courbe en forme de "J" - une récession suivie d'une reprise de l'activité vers un niveau supérieur au point de départ -, ces économistes réclamaient une assistance internationale afin d'éviter la phase de décroissance initiale : "Il est de la responsabilité de la communauté internationale d'éviter que la Tunisie n'entre dans un cercle vicieux : pauvreté et augmentation du chômage entraînant une augmentation du populisme et de l'extrémisme qui, à leur tour, conduisent à l'isolationnisme et, de là, à l'accroissement de la pauvreté et du chômage". Et ils insistaient sur deux priorités : "1. Une aide immédiate pour les subventions alimentaires et énergétiques, ainsi que pour un plan de recyclage à l'intention des diplômés chômeurs. 2. Un plan du G8 doté de 20 à 30 milliards de dollars sur cinq à dix afin d'investir dans le désenclavement de l'intérieur du pays".
Au même moment, dans une note transmise au G8, le FMI changea de ton. Après avoir réclamé des politiques économiques assurant la "stabilité", une "protection sociale complète et bien ciblée" et des "institutions efficaces et transparentes", il annonça un traitement de choc imminent : "Des changements graduels n'aboutiront pas à [la baisse du chômage]. Une augmentation considérable du rythme de la croissance économique est nécessaire, ce qui réclame des politiques soutenant un environnement favorable au secteur privé" [Le FMI disposé à prêter jusqu'à 35 milliards de dollars aux pays arabes", Le Monde, 26 mai 2011]. En somme, il s'agissait pour les fonctionnaires internationaux d'imposer un plan d'ajustement structurel de plus, encore plus vaste et plus ambitieux que les précédents.
Une question essentielle se pose donc : à qui les dirigeants des Etats "en transition" doivent-ils rendre des comptes ? Aux bailleurs de fonds étrangers, comme ce fut le cas avant les révoltes arabes, ou aux électeurs , comme dans toute véritable démocratie ? Avant la tourmente, les rapports  du FMI et de la Banque mondiale présentaient les régimes de MM. Ben Ali et Moubarak comme des réussites éclatantes. Les bouleversements politiques transformaient la donne : d'une part, ces pays réclamaient le changement, au moment où les organismes internationaux misaient sur la continuité; d'autre part, la transition imposait une aide d'urgence, ni conditionnelle, ni liée. Les soulèvements provoquent en effet un ralentissement économique (dû à la fuite initiale des capitaux, à la baisse du tourisme et des investissements étrangers, etc.).
Entre sympathisants impatients et contre-révolutionnaires aux aguets vient le temps des périls. Une aide d'urgence est souvent requise pour les prévenir. En Egypte, un prêt de 4,8 milliards de dollars, promis et jamais accordé par le FMI, devait permettre de rétablir la confiance. A défaut de garantir le succès de la révolution escomptée, ce prêt aurait donné une chance aux nouveaux dirigeants. Il posa comme condition sine qua non que les gouvernements successifs cessent de subventionner les produits de première nécessité. Dans des circonstances véritablement historiques, était-ce vraiment la réforme la plus nécessaire? S'exprimant au nom de la "communauté internationale", le FMI sembla le croire. En Egypte et en Tunisie, chacun se souvient pourtant que des "émeutes du pain" avaient embrasé la rue, respectivement en 1977 et en 1984. Accepter une telle suppression des subventions équivalait à un suicide politique. Résultat : pendant que les négociations traînaient en longueur, la courbe en "J" se transforma en spirale infernale. Entre la chute du président Moubarak et celle du président Morsi, la note de l'Egypte fut dégradée six fois par l'agence de notation Standard & Poor's [Borzou Daragahi, "S&P cuts Egypt's credit rating again amid fiscal health fears", Financial Times, Londres, 9 mai 2013. Lire aussi "Ces puissantes officines qui notent les Etats", Le Monde Diplomatique, février 1997].
Depuis la contre-révolution égyptienne du 3 juillet 2013 et l'"élection" de M. Al-Sissi en juin 2014, l'optimisme n'est plus de mise. Deux facteurs dominent à présent l'analyse conventionnelle : d'une part, la prétendue incompatibilité de la démocratie avec les mœurs du monde arabe ; d'autre part, l'incompétence de l'ex-président Morsi. Il serait utile de s'intéresser au chaînon manquant dans l'analyse : les carences de l'aide internationale [Cf. "Making the Deauville partnership work", rapport soumis à la Banque africaine de développement, novembre 2013]. Car si, comme l'affirment les discours officiels, la "transition démocratique" est toujours en marche, il va être à nouveau question de "plans Marshall". Dans ces conditions, les responsables du partenariat de Deauville ne devraient-ils pas rendre des comptes et expliquer où sont passés les 80 milliards de dollars promis au départ?
Ibrahim WARDE*
"Belles promesses envolées du partenariat Deauville,
Un plan Marshall sans lendemain pour les "printemps arabes"",
Le Monde Diplomatique,
N°727, 61ème année,
Octobre 2014, pp. 6-7

*Ibrahim Warde : Professeur associé à la Fletcher School of Law and Diplomacy, Tufts University (Medford, Massachusetts, Etats-Unis). Auteur notamment d'Islamic Finance in the Global Economy, Edinburgh University Press, 2010.