vendredi 8 mars 2013

L'hypothèse, qui verrait le combat contre la dictature personnalisée de la famille Ben Ali s'élargir à la domination économique d'une oligarchie, n'enchante ni les voyagistes, ni les marchés financiers, ni le Fonds Monétaire International (FMI). Eux n'aiment la liberté qu'appliquée aux touristes, aux zones franches et aux mouvements de capitaux. Dès le 19 janvier [2011], l'agence de notation Moody's a d'ailleurs dégradé la note tunisienne en prétextant "l'instabilité du pays, due au récent changement inattendu du régime".
Même absence d'allégresse au Caire, à Alger, Tripoli, Pékin et dans les chancelleries occidentales. Au moment où des foules en majorité musulmanes réclamaient la liberté et l'égalité, la France éclairait à sa manière de "débat" sur la compatibilité entre démocratie et islam ; elle proposa au régime chancelant de M. Ben Ali "le savoir-faire de nos forces de sécurité". Musulmanes, laïques ou chrétiennes, les oligarchies au pouvoir se montrent solidaires sitôt que le population se réveille. L'ancien président tunisien se proclamait pilier de la laïcité et du droit des femmes contre les intégristes ; il présidait un parti membre de l'internationale socialiste ; il a trouvé refuge... en Arabie Saoudite.
                                                                                                                                           Serge HALIMI
                                                                                                                                      L'impossible arrive,
                                                                                                                             Le Monde Diplomatique,
                                                                                                                                               Février 2011

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