Alors que le
successeur de ‘Silvio BERLUSCONI’ [‘Mario MONTI’, le président du conseil
italien] a demandé de lourds sacrifices à ses concitoyens à travers notamment
une hausse des taxes et une réforme des retraites, l’opération « Jour de l’an »
à Cortina d’Amperzo [la très réputée station de ski] apparaît comme la preuve
tangible que le nouveau gouvernement entend faire partager l’effort à tous, y
compris aux fraudeurs. Et cela dans un pays où l’on estime que 120 à 130
millions d’euros échappent chaque année aux caisses de l’État.
À
Cortina, l’opération a d’ailleurs porté ses fruits. Sur 251 voitures de grosse
cylindrée contrôlées, dont quelques Ferrari et Maserati, les inspecteurs ont pu
constater que 42 propriétaires déclarent des revenus inférieurs à 30.000 €
bruts par an. Seize autres disposent de moins de 50.000 € annuels. À
ces chiffres, il faut ajouter 119 de ces voitures appartenant à des entreprises
affichant officiellement des budgets en déficit ou inférieurs à 50.000 €
annuels. Quant aux 35 commerçants contrôlés, ils ont miraculeusement connu une
journée exceptionnelle, en termes de recettes, grâce à la présence des
militaires de la brigade à leurs côtés. Incités à délivrer des tickets de
caisse à leurs clients, les bars ont ainsi vu leur chiffre d’affaires augmenter
de 104% par rapport à la veille, les restaurants de 110% et les bijoutiers ont
multiplié leurs ventes par quatre par rapport au 30 décembre 2010. Dans le
caveau d’une boutique de luxe, les inspecteurs ont découvert de la marchandise
pour une valeur de 1,6 million d’euros sans justification fiscale.
La brigade
financière espère que l’opération servira de dissuasion pour tous les contribuables
indélicats alors que les derniers chiffres indiquent que 42% des propriétaires
de yachts déclarent gagner un salaire d’ouvrier ou encire que 518 italiens
possèdent un avion ou hélicoptère privé bien qu’ayant officiellement des
revenus ne dépassant pas 20.000 € annuels.
Robert LÉVERAN
Le gouvernement italien s’attaque à la
fraude fiscale,
La Tribune, N° 4887, vendredi 6, samedi 7
et dimanche 8 janvier 2011, p. 6
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